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Piquionne reverdit
Par Julien Gorenflot - Le Portrait De La Semaine, Mise en ligne: le 11/05/2005 à 21h51
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Après avoir commencé la saison avec pour seule ambition de se maintenir, l'AS Saint-Etienne rêve désormais d'une quatrième place, synonyme de qualification européenne. Le secret de la réussite vient notamment du punch de son attaquant Frédéric Piquionne. Arrivé de Rennes en plein doute, Piquionne a aujourd'hui retrouvé son meilleur niveau, et l'a peut-être même dépassé.

Du rêve au cauchemar

Pour réussir la saison 2004-2005, Saint-Etienne, nouveau promu, cherche des joueurs qui ont envie de se relancer. Disposant de peu de moyens pour recruter, St-Etienne et Elie Baup flairent le bon coup en se faisant prêter Frédéric Piquionne, en disgrâce à Rennes. L'ancien Nîmois reste sur une saison très difficile et une partie du public l'a pris en grippe. Le doute s'est installé et il voit d'un bon oeil cette opportunité qui s'offre à lui. Le moins que l'on puisse dire c'est que Piquionne n'a pas laissé passer sa chance : 10 buts et 6 passes décisives rien qu'en championnat. Avec 33 titularisations dans une équipe qui va probablement terminer dans le premier tiers du classement, c'est une renaissance totale pour le mal-aimé. Il retrouve ainsi le niveau qui était le sien il y a deux ans à Rennes. Ce n'était pourtant pas un pari gagné d'avance, ni pour l'ASSE, ni pour Piquionne. L'attaquant rennais venait de boucler une médiocre saison. Cinq buts seulement (tous à l'extérieur), beaucoup de loupés, et un divorce avec le public. Piquionne était donc au fond du trou et arrivait dans une équipe qui partait un peu dans l'inconnu à ce niveau.

Frédéric Piquionne rejoint la France métropolitaine en 2000, à Nîmes, en provenance de la Martinique. A Nîmes, il joue quelques matchs en L2, et rapidement, il se fait remarquer par Rennes. «Quand on l'a vu débarquer de la Martinique personne ne le connaissait, se souvient Régis Brouard, ancien joueur nîmois. Mais tout de suite, il m'a laissé une énorme impression : ça montait haut, ça allait vite, ça frappait fort. Pour moi, c'est l'attaquant de demain dès lors que son mental soit au niveau de sa technique et de ses qualités physiques.» Piquionne passe d'ailleurs brillamment de Nîmes à la L1. Il inscrit 3 buts en 20 matchs lors de sa première saison parmi l'élite. La suivante (2002-2003) est celle de son envol. Avec comme entraîneur Vahid Halilhodzic, Piquionne se sent en confiance et inscrit 10 buts. L'arrivée de Laszlo Bölöni à la tête de l'équipe rennaise change la donne. Le courant ne passe pas entre Piquionne et son nouvel entraîneur. Sur le terrain, l'entente avec l'avant-centre suisse Alexander Frei n'est pas très bonne non plus. La saison 2003-2004 tourne mal et l'attaquant des rouge et noirs ne supporte pas l'épreuve. «Je l'ai fréquenté à Rennes dans un contexte particulier, se rappelle le Rennais Cédric Barbosa. Il n'a pas peur des contacts, il est bon de la tête mais c'est à l'intérieur qu'il doit s'endurcir. Le jour où il se considérera vraiment comme un footballeur de métier avec tout ce que cela comporte de rigueur et de conscience professionnelle, ça va faire mal...»

Un nouveau départ avec Baup

Quand Saint-Etienne s'est intéressé à lui, Piquionne n'a pas hésité. La bonne image des Verts a d'ailleurs été confortée par les conseils de son ex-coéquipiers à Rennes, Michaël Citony (qui évolue actuellement à Sedan). Avec Elie Baup, Piquionne se rend compte rapidement qu'il a fait un très bon choix : «J'ai eu la confiance de Vahid Halilhodzic à Rennes et j'ai l'impression d'avoir celle d'Elie Baup chez les Verts. Avant j'ai souffert d'un manque de communication.» L'ancien Rennais se sent soutenu dans son club, et par les supporters, à qui il présente ses excuses quand il rate plusieurs grosses occasions en début de saison. Cette atmosphère change de l'année précédente : «La saison dernière, certains se sont permis de me juger, rappelle Piquionne sur le site officiel de l'ASSE. Personne ne m'a vraiment aidé.» Tant au niveau individuel que collectif, les résultats sont là. Son entente avec Pascal Feindouno est parfaite et les chiffres des deux joueurs sont impressionnants : 12 buts et 7 passes décisives pour Feindouno, 10 buts et 6 passes décisives pour Piquionne. «Je donne le meilleur de moi-même à chaque rencontre, explique-t-il. Je crois avoir été assez régulier depuis le début de la saison, ce qui était mon objectif numéro 1 en venant à Saint-Étienne.»

Piquionne n'est pas seulement régulier, il est aussi étincelant, au point d'être élu meilleur joueur de L1 du mois de décembre. Pour confirmer qu'il est en pleine confiance, Piquionne a réussi un énorme match à Rennes contre son ancien club. Il marque un but et réalise une passe décisive, donnant le nul à son équipe (2-2), ce qui a d'ailleurs eu le don d'agacer son ex-entraîneur Laszlo Bölöni. «Je n'étais pas venu ici avec un esprit de revanche, ni pour me la raconter, modère cependant l'attaquant des Verts. Je ne me suis pas pris la tête. Cela m'a permis de faire un bon match.» Après une telle saison, Piquionne ne quittera pas Saint-Etienne, l'option d'achat associée avec son prêt étant automatiquement levée en cas de maintien. «Mon avenir, je le vois tout simplement en Vert» , résume Piquionne. Il se voit bien vivre quelques belles saisons du côté de Geoffroy Guichard, avant de partir à l'étranger, en Angleterre ou en Espagne.

La finition s'améliore

De l'efficacité et de l'enthousiasme, voilà ce qui caractérise l'attaque stéphanoise. Le duo Feindouno-Piquionne, désormais renforcé par Sakho qui retrouve ses jambes, est le moteur d'une équipe qui joue sans complexe. Si Pascal Feindouno est incontestablement la pièce maîtresse du système d'Elie Baup, les excellentes prestations du Guinéen vont de paire avec celles de Frédéric Piquionne, récompensé de ses efforts. Avec en plus, des joueurs comme Hellebuyck et Marin, Saint-Etienne possède la 4ème attaque de la L1. «Chez nous, le danger peut venir de partout» , affirme d'ailleurs Piquionne. Jusqu'ici pas un très grand buteur, l'attaquant stéphanois est sur la bonne voie. Généreux dans l'effort, combatif, rapide, il est aussi parfois brouillon. «Si j'étais allé en centre de formation j'aurais peut-être plus de qualité dans la finition, regrette-t-il. Mes progrès doivent porter sur le déplacement. Mais ce n'est pas en quelques mois que j'allais rattraper le temps perdu de la saison dernière. Il m'a donc fallu une période d'adaptation avant de retrouver le rythme.»

Quand Piquionne parle de son ancien coéquipier, Alexander Frei, de loin le meilleur buteur de L1, c'est avec admiration et espoirs : «C'est un excellent buteur qui a des qualités évidentes devant la cage. On peut ne pas le voir pendant de longues minutes mais ça ne l'empêchera pas de «planter» un ou deux buts très rapidement. Alexander Frei est très efficace dans la surface et j'espère être un jour à sa hauteur dans ce domaine.» Son nouveau mentor dans tout ça, que pense-t-il ? Halilhodzic disait de Piquionne, «il faut être constamment dessus» . Elie Baup souligne que le joueur doit se prendre en main : «Le jour où il alliera cette présence physique à la lucidité devant le but, il deviendra un grand. Avec nous, il travaille au poste spécifique d'attaquant car il faut plutôt accentuer ses qualités plutôt que de vouloir corriger ses défauts à tout prix. Il a passé l'âge d'une formation globale. Mais c'est lui qui détient la vérité.»

En engageant Piquionne, Saint-Etienne a gagné son pari. Après une saison catastrophique à Rennes, l'avant-centre de Nouméa a su rebondir. Dans un cadre propice à son épanouissement, il est même en train de devenir l'un des meilleurs attaquants de la L1. A 26 ans, cette superbe saison va peut-être lui permettre d'emmagasiner la confiance dont il a besoin, et d'acquérir la maturité qui feraient de lui un attaquant de très haut niveau.

Nom : Piquionne
Prénom : Frédéric
Né le 8 décembre 1978 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie)
Taille : 1,88 m
Poids : 80 kg
Clubs successifs : Golden Star, Nîmes, Rennes, Saint-Etienne (depuis 2004).



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