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Le Conseil de l'Ethique joue les censeurs
Par Patrick Juillard - Actu Ligue 1, Mise en ligne: le 08/02/2010 à 20h58
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A l'issue d'une journée historique, le Conseil national de l'Ethique a rendu son verdict dans pas moins de huit dossiers. Au-delà des sanctions, plus ou moins sévères, prononcées, l'instance disciplinaire se cherche toujours, enfermée dans un rôle de simple gendarme du politiquement correct. Décryptage.

Le Conseil de l'Ethique joue les censeurs
Dominique Rocheteau préside le CNE, instance qui se cherche.

Le Conseil national de l'Ethique a vécu une journée «historique» lundi, avec pas moins de huit dossiers à instruire. Certains dirigeants et entraîneurs peuvent regretter de s'être emportés en public. Pour avoir dénoncé «les vieux croulants moralisateurs accrochés à leurs privilèges» , le directeur général de l'OGC Nice, Patrick Governatori, se trouve frappé d'un mois ferme de suspension de toute fonction officielle. Quant à l'entraîneur de Nancy, Pablo Correa, il écope de deux matches fermes pour ses «déclarations excessives» , notamment pour avoir lâché «Nous finirons par voler nos matches nous aussi» après Nancy-Lyon, le 16 janvier.

Pour le reste, les «prévenus» s'en sont tirés avec du sursis : un match pour le gardien montpelliérain Geoffrey Jourdren, idem pour le président de l'OGC Nice, Gilbert Stellardo, convoqué après avoir fait part de soupçons de favoritisme pro-stéphanois, et pour son homologue lillois, Michel Seydoux, qui avait dénoncé l' «amateurisme criard» de l'organisation d'un match de Coupe de France. Pour avoir estimé qu' «à la Ligue ce sont des ânes» , l'entraîneur guingampais Victor Zvunka devra effectuer une action pédagogique (ou deux matches fermes en cas de refus). Enfin, le coach de Montpellier, René Girard s'en tire avec un simple rappel aux devoirs de sa charge, après avoir, comme son portier, dénoncé «un arbitrage pour les petits et d'un arbitrage pour les grands.»

Des attributions floues

Les sanctions ne sont certes pas très lourdes dans l'ensemble. Mais quel est leur bien fondé, juridiquement parlant ? Depuis 2005, la Fédération a confié un pouvoir disciplinaire au CNE, dont le rôle était jusque là purement consultatif. L'instance est désormais susceptible de s'autosaisir de tous cas de «manquements à l'éthique commis par des licenciés à l'occasion de déclarations, attitudes ou comportements publics de nature à nuire à l'image du football.» Des attributions non délimitées avec précision. Présidé par l'ancien international, Dominique Rocheteau, le CNE est composé de représentants des différentes familles du football (FFF, LFP, amateurs). Mais pas l'ombre d'un juriste !

Globalement les saisines du Conseil interviennent après des déclarations (Nicollin sur Pedretti, Gourcuff vs. Kombouaré, etc.). Plus rarement pour des actes contestables, de joueurs (simulations répétées par exemple) ou de dirigeants (passage dans les vestiaires d'arbitre…). Ce fut le cas en 2005, avec le point de pénalité infligé à l'OM pour avoir envoyé son  équipe réserve au Parc des Princes. Mais la décision ne résista pas en appel. Depuis, le CNE s'est le plus souvent borné à réprimer des excès de langage. Au grand dam de beaucoup d'acteurs du football, pour qui la critique est un droit. Sans doute conscient qu'il risque à la longue de passer pour un simple ministère de la parole, l'organisme a innové lundi, en invitant l'arbitre Didier Falcone, mis en cause par Frédéric Antonetti après Sochaux-Rennes au mois de décembre, à s'expliquer prochainement avec l'entraîneur rennais, plutôt que de mettre ce dernier au piquet. Un premier pas vers des sanctions plus pédagogiques et équilibrées ? Acceptons-en l'augure.



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