La LFP vient de déposer un dossier auprès du CSA pour l'obtention d'une fréquence de TNT payante. Pour pallier le forfait d'Orange et combler ainsi le manque à gagner d'environ 150 millions d'euros pour le football français, la Ligue désire lancer sa propre chaîne de télévision, CFoot. Une initiative qui n'emballe pas les présidents de clubs.

Frédéric Thiriez mise sur CFoot pour pallier le forfait d'Orange.

Le projet est désormais lancé. Comme prévu, la Ligue de football professionnel a déposé vendredi dernier auprès du CSA un dossier pour l'obtention d'une fréquence de TNT payante. Orange, qui doit débourser chaque année, et ce jusqu'en 2012, 203 millions d'euros par an dans le football, ayant décidé de ne pas participer au futur appel d'offres, la Ligue cherche à combler le manque à gagner pour le football français. Orange devrait rester candidat à l'attribution des droits de diffusion sur le mobile, ce qui ramènerait sa facture à 60 millions d'euros.

C'est donc un trou légèrement inférieur à 150 millions d'euros que doit boucher la LFP. D'autant que Canal+, l'autre diffuseur actuellement, n'envisage pas de verser plus de 465 millions d'euros par an. La chaîne cryptée, seule candidate prévue en 2012, sera même en position de force pour négocier et revoir ainsi ce montant à la baisse.

«Je ne suis pas sûr que ça soit la solution»

Pour parvenir à leurs fins, la Ligue et son président, Frédéric Thiriez, ont donc décidé de miser sur CFoot, une chaîne qui se veut 100% football, et qui serait disponible dans les bouquets des distributeurs TNT en option à la carte, et aussi sur l'ensemble des plateformes (ADSL, câble et satellite). La LFP devra attendre janvier 2011 pour se voir délivrer une éventuelle autorisation d'émettre par le CSA.

En attendant, ce projet ne fait pas l'unanimité chez les présidents de clubs. «Je ne suis pas sûr que ça soit la solution», estime ainsi Jean-Claude Dassier. Pour nombre d'entre eux, Jean-Michel Aulas en particulier, Canal+ doit assumer sa situation de monopole en payant l'intégralité des droits de diffusion actuels, soit 668 millions d'euros. Pour cela, une journée de Ligue 1 pourrait s'étaler du vendredi au lundi, à partir de 2012, de manière à offrir un nombre de retransmissions beaucoup plus important, et tabler ainsi sur un nombre croissant d'abonnés.

«Je ne suis pas la mutuelle sociale du football français»

Une idée qui ne trouve pas d'écho pour l'heure chez Canal+. «Je ne suis pas la mutuelle sociale du football français», a ainsi répondu le PDG de la chaîne cryptée, Bertrand Méheut. Aujourd'hui, la LFP aura très certainement beaucoup de mal à obtenir de nouveau 668 millions d'euros lors du prochain appel d'offres. Dans ce cas, les clubs de L1, qui tirent 58% de leurs recettes des droits TV, n'auront d'autre solution que de revoir les salaires de leurs joueurs à la baisse. De là à imaginer le championnat de France perdra encore de son intérêt et de sa valeur, il n'y a qu'un pas…

Les droits de diffusion de la Ligue 1 sont probablement à leur niveau maximal aujourd'hui. A titre de comparaison, la diffusion du championnat anglais sur son territoire rapporte en effet 677 millions d'euros par saison à la Premier League. Soit un montant légèrement supérieur à la Ligue 1 (plus Ligue 2 pour être précis). Sauf que les droits de diffusion du championnat de France à l'étranger ne rapportent que 24 millions d'euros par an à l'heure actuelle. Le championnat anglais récupère lui à ce niveau 350 millions d'euros…