Coupe du monde 1998 : France-Brésil, était-ce vraiment une "petite magouille" ?
Michel Platini a évoqué une «petite magouille» avant le tirage au sort de la Coupe du monde 1998 concernant le tableau de la France et du Brésil, prévu pour que les deux équipes puissent se rencontrer en finale. Mais cela n'avait rien de secret et cette manipulation a été réutilisée plus tard.
«On a fait une petite magouille en organisant le calendrier. Si la France et le Brésil terminaient en tête de leurs groupes respectifs, ils ne pouvaient pas se rencontrer avant la finale.» En lâchant cette petite phrase dans un entretien accordé à France Info, Michel Platini a beaucoup fait réagir ce vendredi.
Ce n'était pas un secret
En effet, il n'en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s'affolent et que l'on entende parler notamment d'une Coupe du monde 1998 arrangée. Et si cette «petite magouille» n'en était pas vraiment une ? Le terme a peut-être été mal choisi, et la communication est maladroite.
En fait, cette manipulation était connue publiquement deux jours avant le tirage au sort. Aucune surprise donc. Les deux coprésidents du comité français d'organisation, Platini et Fernand Sastre, avaient même d'abord demandé que les têtes de série (France, Brésil, Allemagne, Argentine, Espagne, Italie, Pays-Bas et Roumanie) soient placées d'office dans un groupe.
Les têtes de série moins favorisées en 1998
«Pour l'investissement de nos villes, on aurait souhaité qu'elles aient au moins l'assurance d'accueillir une nation répondant à une proximité géographique» , expliquait Platini. L'idée était de faire jouer l'Espagne à Toulouse ou à Bordeaux, l'Italie dans le sud et les Pays-Bas à Lens. Une requête refusée par la FIFA, sauf pour le pays organisateur, la France, et le tenant du titre, le Brésil. Les autres ont été répartis aléatoirement par le tirage.
Cette demande n'avait rien de farfelue puisque les têtes de série étaient préaffectées lors des éditions précédentes. «Pour la première fois, la commission a décidé de ne pas préaffecter des têtes de série» , avait souligné Sastre. «On était en droit d'espérer des prérogatives identiques à celles des précédentes Coupes du monde. Là, ce sera un peu la loterie» , poursuivait Platini. Par exemple, en 1994 aux Etats-Unis, les favoris, comme le Brésil, l'Italie et l'Allemagne, avaient négocié pour choisir la ville de leur premier tour. Au final, le tirage au sort du Mondial 1998 offrait donc encore plus de hasard.
Pareil en 2002 et 2006
Platini et Sastre ont, certes, rendu possible une finale France-Brésil, mais il fallait encore que les deux équipes terminent à la 1ère place de leur groupe, sous peine de se rencontrer en quarts de finale, puis qu'elles se qualifient jusqu'en finale. Et le placement aléatoire des autres têtes de série ne garantissait donc pas d'éviter un autre grand favori durant les matchs à élimination directe.
Il convient de rappeler aussi que cette «petite magouille» a été réutilisée ensuite, puisque les tirages des Coupes du monde 2002 et 2006 ont repris les mêmes modalités. En 2006, l'Allemagne, pays hôte, et le Brésil, tenant du titre, étaient aussi programmés pour se rencontrer en finale s'ils terminaient en tête de leur groupe (A et F). Mais les deux nations ont finalement été éliminées par les finalistes de cette édition, l'Italie et la France. C'est depuis l'édition 2010 que seul le pays organisateur connaît désormais son groupe en avance.
Etes-vous choqués par cette manipulation pour favoriser une certaine finale ? N'hésitez pas à réagir et à débattre dans l'espace «Ajouter un commentaire» ...