Les
années 20, 30, 40 défilent à la vitesse des images
accélérant les courses des joueurs de l'époque. La
France footballistique adopte le professionnalisme et se fait une place
dans le gotha mondial avant la seconde guerre. Les attaquants ont alors
pour mission de perforer les défenses et sont les plus convoités
pour leur côté spectaculaire. Portraits d'un autre âge.
(Retrouvez
la première partie des meilleurs joueurs 1900-1950)
Né en
1899 - Décédé en 1971
Clubs :
Olympique de Pantin, Olympique de Paris, Olympique de Marseille, OGC Nice
Palmarès
: CdF 1918, 1926, 1927
41 sélections
en Equipe de France (1920-1929) 12 buts
Comme beaucoup
de joueurs de son époque, Jules Dewaquez est un pur produit parisien.
Il se révèle très jeune, en fin de première
guerre mondiale, alors qu'une grosse partie de ses congénaires sont
au front et remporte la première Coupe de France de l'histoire en
1918 avec l'Olympique de Pantin. Râblé, il a le physique idéal
pour jouer ailier mais il apporte une grosse nuance à ce poste en
ne restant pas collé à la ligne de touche et en repiquant
au centre pour placer des frappes ou des coups de tête imparables.
Il devient un élément indispensable à l'Equipe de
France. 41 sélections et 3 participations aux JO (1920,24,28) plus
tard, il est considéré comme le meilleur ailier français
de tous les temps. Entre temps, Marseille lui a fait les yeux doux. Amateurisme
oblige, il est courtier en légumes secs mais touche, sous le manteau,
1500F par mois. Après deux nouveaux succès en Coupe avec
Marseille, "Julot" termine sa carrière à Nice. Quelques expériences
d'entraîneurs, au lendemain de la seconde guerre mondiale, ne le
satisfont pas et il travaille finalement comme responsable de ventes de
véhicules d'occasions chez un concessionnaire lyonnais.
Né en
1912
Clubs :
Chantilly, Red Star, RC Paris, Red Star, Stade Français
Palmarès
: Néant
31 sélections
en Equipe de France (1934-1946) 5 buts
Digne successeur
de Dewaquez, Alfred Aston possède une panoplie de dribbles et de
feintes totalement déroutants. Ses origines anglo-saxones l'avaient
amené, tout jeune, à jouer au football simplement pour le
plaisir. Destiné à devenir télégraphiste, un
ancien international le remarqua et l'incorpora à 16 ans à
l'équipe première de Chantilly. Quatre ans plus tard, il
tente sa chance au Red Star et devient professionnel dès la mise
en place de ce statut en France en 1932. Malheureusement pour lui, le Red
Star a perdu son lustre d'antan et son palmarès reste vierge de
tout trophée. Ses débuts en Equipe de France ne sont pas
fameux. Expédié à l'aile gauche, il ne peut totalement
s'exprimer. Pour sa deuxième Coupe du Monde en 1938, il explose
sur son aile droite et cet homme, rarement blessé, impressionne
par sa longévité. Sa dernière sélection, il
la connaît en 1946 avec une mémorable victoire sur l'Angleterre
et joue en championnat Amateurs jusqu'en 1956 dans la région de
Tours où il tient un magasin de sport. En 1998, il coulait une retraite
paisible sur la Côte d'Azur.
Marcel
LANGILLER - Ailier |
Né en
1908 - Decédé en 1980
Clubs :
CA Paris, Excelsior Roubaix, Red Star, AS Saint-Etienne
Palmarès
: CdF 1933
30 sélections
en Equipe de France (1927-1937) 7 buts
En équipe
de France, Marcel Langiller est le pendant de Dewaquez puis d'Aston sur
l'aile gauche. Habitant à deux pas du stade du CA Paris, il tombe
dans le football dès ses plus jeunes années. Talentueux,
sa voie est tout tracée. A 16 ans, il débute en équipe
première et à 19 ans, il porte le maillot de l'Equipe de
France pour la première fois. Il goûte aux deux grandes épreuves
que sont les JO en 1928 et la Coupe du Monde en 1930. Il monnaye également
très bien sa carrière et rejoint l'Excelsior Roubaix avec
lequel il s'adjuge la Coupe de France en 1933 dans la seule finale entre
deux équipes de la même ville de province (RC Roubaix). Sa
trentième et ultime sélection se solde par un superbe match
nul contre l'Italie mussolinienne en 1937. Aprés être passé
par le Red Star et Saint-Etienne, il retourne dans le rangs amateurs au
CA Paris, son club de toujours. Son amour pour ce club le porte à
la présidence et parallèlement, il fait partie des dirigeants
du Groupement (ex-LNF).
Jean BARATTE
- Avant-Centre |
Né en
1923, Décédé en 1986
Club :
Lille OSC
Palmarès
: Ch. Fr. 1946, CdF 1946,1947,1948,1953
31 sélections
en Equipe de France (1944-1952) 19 buts
Lille est,
au lendemain de la seconde guerre mondiale, la capitale française
du ballon rond et le leader de ce qui peut être considéré
comme la meilleure formation de la première moitié du siècle
se nomme Jean Baratte. Né à Lambersart dans la banlieue de
Lille, il est de le digne représentant des vertus de l'ensemble
de son équipe. "Jeannot" n'est pas un génie du football.
Son courage, son côté combatif, son énorme travail
athlétique en font l'un des joueurs les plus aimés du public.
Sa grande force de caractère lui permet de devenir l'un des piliers
de l'Equipe de France et de gagner 1 titre et 4 Coupes avec les grand LOSC
mais, également, est à la base de nombreux conflits au sein
du club. Ceci empêche Lille de dominer encore plus nettement le football
français. Pourtant, Jean Baratte se retire au milieu des années
50 et son club de toujours ne connaîtra plus jamais pareil succès.
Larbi BEN
BAREK - Avant-Centre |
Né en
1917 - Décédé en 1992
Clubs :
Olympique de Marseille, Stade Français, Atletico Madrid, Olympique
de Marseille
Palmarès
: 2 fois Champion d'Espagne
17 sélections
en Equipe de France (1938-1954) 3 buts
La seconde
guerre mondiale et l'absence de médiatisation à son époque
ont coûté à la "Perle Noire" d'être l'un des
footballeurs français les plus célèbres de tous les
temps. Tous ceux qui l'ont vu jouer l'ont comparé au grand Pelé
tellement son jeu fait de virtuosité, d'aisance, de souplesse et
de beauté ressemblait à celui du plus grand footballeur du
siècle. Né au Maroc, ami de Marcel Cerdan, Ben Barek débarque
à Marseille en 1938 et sa magie envoûte la cité phocéenne.
Malheureusement la guerre l'oblige à retourner pendant 6 longues
années au Maroc. A son retour, son talent est intact, il s'impose
même en Espagne à l'Atletico Madrid à pratiquement
35 ans. Après un nouveau passage à Marseille, il retourne
dans son pays pour s'occuper du développement du football. Il meurt
à Casablanca en 1992 dans la plus totale indifférence. Larbi
Ben Barek reste, aujourd'hui, dans les annales de l'Equipe de France, pour
avoir porté le maillot bleu à 15 ans d'intervalle, record
de longévité inégalé.
Parmi les joueurs
qui auraient mérité de se retrouver dans ce "onze", deux
gardiens sont d'un niveau comparable à Darui. Au début des
années 20, Pierre Chayriguès faisait gagner, par son
charisme, son club, le Red Star, ou l'Equipe de France. Il défraya
la chronique pour avoir avoué être rémunéré
à l'époque de l'amateurisme pur. Un Marseillais, vedette
à Sochaux, Laurent di Lorto, reste, à tout jamais
dans les mémoires pour avoir, un jour de 1937, arrêté
la grande Italie fasciste. Demi de qualité, Oscar Heisserer
fut, à la fin des années 30, le premier grand joueur Alsacien
et offrit la Coupe au RC Strasbourg.
Les attaquants
sont les hommes les plus en vue de ces cinquante années de football.
Le plus ancien d'entre tous est Adrien Filez. Ce Nordiste licencié
à l'US Tourcoing fut le seul non parisien à participer au
premier match de l'Equipe de France en 1904. Un de ses concurrents avec
le RC Roubaix fut Raymond Dubly qui apprit le football dans la mère
patrie, l'Angleterre, et conduisit son club avec ses 5 frères. Un
autre joueur de l'US Tourcoing, ancien élève du lycée
Faidherbe de Lille, se fit un nom dans le football, il s'agit de Gabriel
Hanot qui connût le football de haut niveau en tant qu'international,
de journaliste et surtout, d'inventeur de la Coupe d'Europe dans les années
50.
Les années
20 et 30 ont vu quelques grands buteurs s'illustrer. Paul Nicolas
fut le plus grand de ceux-ci avec le Red Star et l'Equipe de France pour
laquelle il inscrivit 21 buts, record qui tiendra jusqu'à l'avénement
de Just Fontaine. Roger Courtois, un esthète qui abhorrait
le jeu dur, fut le grand attaquant de l'armada sochalienne de 1935 à
1940. Enfin, comment ne pas évoquer l'un des Français les
plus célèbres à travers le monde. Tous les 4 ans,
à chaque Coupe du Monde, le nom du Franc-Comtois, Lucien Laurent,
revient sur toutes les lèvres car il fut le premier buteur, en 1930,
de la Coupe du Monde. A 93 ans, aujourd'hui, il raconte sans cesse la saga
de ce but historique.
A venir
les années 50 et les premières véritables vedettes
du football français avec les succès du Stade de Reims et
de l'Equipe de France en Suède en 1958.
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à cet article - Par Vivian MASSIAUX